lundi 31 janvier 2005

M. MARTIN, LA DÉMOCRATIE ET LES ÉTATS-UNIS

Les questions de politiques étrangères font rarement l’objet de grands débats dans les campagnes électorales et les courses au leadership des partis politiques. Pourtant nous savons tous qu’elles sont de plus en plus importantes et que les décisions prises par nos dirigeants ont parfois des effets déterminants dans notre quotidien. Nous n’avons qu’à penser aux débats entourant la guerre en Irak. Grâce à la position ferme de M. Chrétien, soutenu en cela par une opinion publique largement répandue, le Canada a su résister aux pressions de nos voisins du sud et respecter le droit international placé sous la gouverne des Nations Unies. En eût-il été de même ou autrement sous la gouverne de M. Martin ? La question peut sûrement se poser.

M. Bush se dit impressionné par le style de M. Martin. Tant mieux si cette bonne impression facilite la tâche de nos représentants pour résoudre dans le sens de nos intérêts les différents qui nous opposent. Il n’en est toutefois que plus important pour M. Martin de se positionner sur les grandes questions qui interpellent actuellement la communauté internationale. C’est le cas du rôle des Nations Unies dans le règlement des litiges entre nations ainsi que la promotion de la paix et de la justice dans le monde. C’est également le cas du rôle joué par les organismes multilatéraux et bilatéraux dans la régulation des économies et des politiques visant une plus grande justice entre les peuples et les nations. Il en va de même des questions de l’environnement, du libre échange et des diverses formes de représentation des groupes d’intérêt dans ces organismes. Il est important, pour la démocratie, que M. Martin soit mandaté par la population canadienne et que les prises de position du Canada soient le reflet de cette dernière et non de quelques lobbys plus intéressés à leurs intérêts qu’à ceux des canadiens. Il y a en cela une exigence qui rappelle que le peuple est celui qui doit décider des choses importantes de la vie sociale, politique, économique et militaire. Il n’y a pas de chèque en blanc pour ces questions.

Le débat actuel sur le mariage des personnes de même sexe donne lieu à toute sorte d’exercices démocratiques. Il y a le rappel de la Charte canadienne des droits de la personne, il y a ce rôle joué par les Cours provinciales et celui sollicité de la Cour suprême du Canada. S’ajoute à ces dernières ce vote libre des parlementaires sur la motion présentée par l’Alliance canadienne. Si cette question mobilise autant les groupes d’intérêts et les institutions politiques et judiciaires, comment ne devrait-il pas en être de même sinon plus lorsqu’il s’agit de questions comme celles d’aller en guerre préventive ou offensive ou encore de prendre des positions qui vont à l’encontre de la conception que se font les canadiens du respect des droits fondamentaux des personnes. Il faut souhaiter que l’Alliance canadienne se fera de nouveau protagoniste de votes libres en chambre pour des questions aussi importantes que la guerre, le rôle des Nations Unies, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et ainsi que des droits fondamentaux de la personnes humaine.

Ce serait bien triste que la population canadienne réalise que l’exercice électoral auquel elle est conviée tous les 4 ou 5 ans ne soit finalement qu’un exercice de figuration et que les vrais détenteurs du pouvoir soient ceux qui se retrouvent dans les salons d’ambassades et dans les réceptions réservées aux initiés des milieux sélectes des pouvoirs économique, politique et militaire. Ce serait donner une bien mauvaise image de cette démocratie que nous souhaitons voir rayonner dans tous les pays du monde.

Oscar Fortin

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