dimanche 30 janvier 2005

OÙ ÉTAIT DIEU

L’Archevêque de Canterbury se demande où était Dieu « pendant la catastrophe qui a dévasté les pays de l'océan Indien, tuant quelque 200 000 personnes? » La réponse de l’Évangile me semble aller de soi : « à accueillir les victimes pour les introduire dans son Royaume et à brasser la conscience humaine pour faire émerger une solidarité mondiale fondée sur des valeurs autres que celles qui sont commandées par le matérialisme, l’individualisme, la domination et le sectarisme. Ces dernières valeurs, également, font quotidiennement des milliers de morts sans que personne s’en scandalise.

Ceux et celles qui lisent les Évangiles, qui méditent de temps en temps l’Apocalypse, qui regardent un peu l’histoire, non seulement celle des forces de la nature mais également celle de l’ambition des hommes, ne peuvent que constater qu’il y a inévitablement un monde qui ne peut que passer, un monde éphémère, un monde à courte vue et un autre, plus durable et humain, qui se construit à coup de grâce et de miracles de la vie à travers des solidarités inspirées de respect, de justice et d’amour. Que ce soit 150 000 personnes tuées par les forces de la nature ou 150 000 personnes tuées par les guerres de conquêtes ou des épidémies, dans tous les cas ce sont des tragédies qui interpellent la conscience et la solidarité humaine. C’est dans cette conscience et cette solidarité, non de circonstances pour les caméras, que l’on trouvera Dieu et que l’on découvrira l’enfantement d’un monde nouveau.

Jésus de Nazareth, le seul à nous parler avec autorité de Dieu, nous raconte sa rencontre avec le prince de ce monde :

Satan que l'hébreu traduit par « L'adversaire" et le grec, le "calomniateur" l'entraîna sur une hauteur, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre et lui dit :- Je te donnerai la domination universelle ainsi que les richesses et la gloire de ces royaumes. Car tout cela a été remis entre mes mains et je le donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, tout cela sera à toi. » (Lc 4,6-7)

En réponse, Jésus lui dit qu’il n’a qu’un Maître et que ce n’est pas lui, mais son Père. Plus tard, à Pilate il ajoutera : « Mon royaume n’est pas de ce monde…s’il l’était, mon Père m’enverrait des légions d’anges…. » (Jn 18,36; Mt 26,53)
Cette anecdote nous rappelle d'autres acteurs qui ont le pouvoir d'agir sur les forces de la nature et le comportement des humains. Nous n'en sommes encore qu'au début de la compréhension de cet univers aux millions d'étoiles et aux forces insoupçonnées. Jésus nous dit qu'il n'est pas venu pour détruire mais pour sauver....

À tous les pasteurs chrétiens qui se voient bousculés dans leur foi en Jésus de Nazareth par cet évènement, je citerai ce passage de l’Évangile de Mathieu qui dit depuis longtemps ce qui se déroule maintenant sous nos yeux:

«Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres ; voyez, ne vous alarmez pas : car il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des famines et des tremblements de terre. Et tout cela ne sera que le commencement des douleurs de l'enfantement. Alors on vous livrera aux tourments et on vous tuera ; vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Et alors beaucoup succomberont ; ce seront des trahisons et des haines intestines. Des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens. Par suite de l'iniquité croissante, l'amour se refroidira chez le grand nombre. Mais celui qui aura tenu bon jusqu'au bout, celui-là sera sauvé. » (Mt 24, 6-13)

Il faut souhaiter qu’arrive bientôt le jour où la mondialisation de la solidarité s’affirmera pour soutenir les centaines de milliers de victimes du sida, des famines, de l’exploitation éhontée d’hommes, de femmes et d’enfants dans des entreprises à profit. Que penser, également, de ces centaines de milliers de victimes de guerres de conquêtes et de religions. Le Royaume de Dieu est celui qui s’occupe des veuves, des orphelins, des laissés pour compte de la société, de ceux qui ont faim et soif, des persécutés pour la justice. OÙ EST DIEU ? Il est là avec tous ceux qui oeuvrent à l’enfantement de ce nouveau monde et peut-être de façon particulière en ces jours-ci, là où sont les « intouchables », ces personnages au bas de l’échelle des casques qui défient les odeurs et les risques d'épidémies pour retrouver les morts et les transportés dans des centres dédiés à les identifier et à les ensevelir dans la dignité ? Dieu est surement très proche de tout ce monde.

Oscar Fortin

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