vendredi 4 février 2005

ÉLECTIONS GÉNÉRALES ET MANDATS SPÉCIFIQUES

Lors des campagnes électorales de nombreuses questions sont soulevées, des débats ont lieu et des prises de position sont assumées par les chefs de partis. Le problème c’est que toutes les questions n’ont pas la même importance et ne comportent pas toutes les mêmes incidences sur les budgets et les valeurs qui animent une société. Il se peut que l’on soit d’accord dans l’ensemble avec un parti politique, son chef et les candidats qui l’accompagnent, mais que l’on soit tout à fait en désaccord sur l’un ou l’autre de ces points fondamentaux.

Prenons deux exemples de questions qui se poseront vraisemblablement lors des prochaines élections générales au Canada. Le premier concerne la volonté des canadiens face à des décisions du gouvernement d’aller ou non en guerre. L’histoire, encore toute récente, de la guerre en Irak et des pressions exercées par l’Administration étasunienne pour que le Canada se joigne à elle dans cette lutte illustre bien cette situation. Il n’y a pas de doute que la population canadienne dans son ensemble était et continue d’être contre cette guerre, d’autant plus qu’elle n’a jamais eu l’aval du Conseil de sécurité des Nations Unies. C’est grâce surtout à la détermination du Premier ministre Jean Chrétien et aux pressions exercées par la population canadienne si le Canada a pu résister aux pressions et positions étasuniennes. Il n’est pas certain qu’un Gouvernement dirigé par les Conservateurs, l’Alliance Canadienne ou même par M. Martin aurait pris les mêmes décisions ou continueront de les prendre une fois élus.

La seconde question qui risque de se poser avec acuité lors du prochain mandat du Gouvernement canadien est celui de sa participation au projet étasunien du bouclier anti-missile. C’est là un projet qui est loin de faire l’unanimité des spécialistes sur la manière de résoudre les conflits. Le Canada n’est pas un pays belligérant et ne représente aucun danger pour les autres pays. Sa mission de paix, il la réalise au sein de l’Organisation des Nations Unies, une première forme, sans doute imparfaite mais pourtant réelle, d’une démocratie mondiale. Les pays représentés au sein de son Assemblée générale peuvent s’exprimer et voter des résolutions. Les vrais défenseurs de la démocratie auxquels le Canada s’associe ne peuvent que favoriser cette approche. Il est évident que les lobbyistes étasuniens, ceux de l’industrie militaire ne négligeront aucun moyen pour convaincre et amener le gouvernement canadien à aller dans cette direction.

Il est donc important que le peuple canadien prenne des mesures pour que ses dirigeants aient sur certaines questions d’aussi grande importance des mandats sans équivoque. La Démocratie tant vantée l’exige. On ne peut donner des chèques en blanc sur de telles questions pas plus que nous ne pouvons vendre notre « âme » pour quelques promesses de contrats pour certaines industries canadiennes. Notre droit d’indépendance n’est pas à échanger contre un plat de lentilles. Le moyen le plus simple et le plus économique pour y parvenir serait d’inscrire, pour les prochaines élections, deux questions sur le bulletin de vote des électeurs.

Le Canada doit-il agir dans le cadre des Nations Unies pour tout engagement militaire à caractère offensif ou préventif ? OUI ou NON;

Êtes-vous en faveur de l’engagement canadien avec les étasuniens pour le déploiement d’un bouclier anti-missile nord américain ? OUI ou NON

Ces questions référendaires sur des bulletins de vote sont choses courantes dans plusieurs pays incluant notre voisin du sud. Ça permet à la démocratie de garder le contrôle sur certaines questions politiques d’importance.

Ces questions seraient discutées en campagne électorale et le Gouvernement élu serait lié par les réponses majoritaires données à ces questions. Ainsi nous pourrions parler avec encore plus de crédibilité de Démocratie et nos représentants seraient en mesure de résister aux pressions n'allant pas dans le sens de la volonté des canadiens.

Oscar Fortin

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