samedi 15 octobre 2005

LE CANADA MENACE LES ÉTATS-UNIS

Depuis quelques jours les medias font écho aux déclarations du Premier ministre canadien, M. Paul Martin, à l’effet de prendre des mesures plus drastiques contre les Etats-Unis pour les forcer à respecter les règles de l’ALENA régissant le commerce dans le secteur du bois d’œuvre. Nous savons tous que depuis maintenant plusieurs mois une décision du Tribunal d’arbitrage des différents dans l’application de ces dernières condamne les mesures compensatoires mises en place par les Etats-Unis dans les importations du bois d’œuvre canadien. Cette mesure a déjà fait perdre des milliards de dollars à l’industrie canadienne ainsi que des milliers d’emplois.

Dans ce contexte, on comprend mieux le durcissement de ton et les menaces du Gouvernement canadien d’exporter notre bois d’œuvre vers d’autres partenaires, tels la Chine et l’Inde, de même que celles de couper l’exportation de notre pétrole. De quoi sonner l’alarme auprès de notre partenaire étasunien. Ces mesures ne touchent-elles pas deux cordes sensibles : la Chine et le pétrole? Pourtant, loin d’alarmer notre voisin du sud, ces menaces trouvent chez lui compréhension qu’il explique par le climat préélectoral canadien qui favorise ce type d’intervention.

La réaction de l’Ambassadeur des Etats-Unis à Ottawa se révèle donc très intéressante à la fois sur la confiance qui existe toujours entre nos deux gouvernements et sur l’idée qu’il se fait de l’exercice de notre démocratie. L’intervention de l’Ambassadeur se résume à peu près à ceci : « Il est normal, dans le climat électoral actuel, que ces propos, de nature à plaire à un large éventail de l’électorat canadien, soient tenus. » En sous-entendu, quoi de plus normal de tenir de tels propos qui sont, dans les circonstances, de nature à augmenter les chances d’être élus. Par contre, une fois élus, pense l’Ambassadeur, le climat des échanges reprendra normalement. Donc, rien pour prendre les nerfs. Une manière de nous expliquer, à mots à peine voilés, que les menaces de M. Martin ne sont qu’une mise en scène et qu’ils n’ont pas à s’en formaliser outre mesure. De quoi les convaincre qu’après les élections tout redeviendra normal et que les vrais décideurs retrouveront leur vrai pouvoir. « Nos relations avec le gouvernement canadien sont très bonnes et se font dans un climat de franchise et de grande confiance.»

Que pense, alors, M. Martin, de cette façon de comprendre les choses ? Serait-il prêt à inscrire sur le prochain bulletin de vote, comme le font souvent nos partenaires étasuniens, une question référendaire qui se lirait comme ceci : « Êtes-vous d’accord pour mettre un terme à l’exportation du pétrole et du bois d’œuvre canadiens vers les Etats-Unis si ce dernier, dans les six mois suivant cette élection, ne compensent pas entièrement les pertes subies par les canadiens et n’éliminent pas toute taxe spéciale sur les importations du bois d’œuvre canadien ? » Ne serait-ce pas là l’exercice de la véritable démocratie qui fait du peuple le porteur du pouvoir? Il est à parier que les mandarins du sud perdrait quelque peu leur flegme et se mettrait vite au travail pour régler ce litige.

À vous, Monsieur Martin, de prendre la parole et de dire de quel bois les canadiens se chauffent. Vous indiquerez ainsi que vous ne faites pas une diversion purement électorale avec cette question et que les propos de l’Ambassadeur faussent la compréhension que vous vous faites de la démocratie canadienne et des menaces que vous formulez.

Oscar Fortin

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