dimanche 3 décembre 2006




L’élection de Stéphane Dion à la tête du plus important Parti politique du Canada, le Parti libéral, a été une surprise pour plusieurs, à commencer par moi. Il faut dire que sa suffisance, son anti-nationalisme québécois, sa rigidité sur le plan constitutionnel ne sont pas de nature à me le rendre sympathique. On se souviendra tous de la querelle Québec-Ottawa lors du Sommet mondial sur l’Environnement. Le Québec, alors sous la gouverne de Jean Charest, voulait y jouer un rôle à la hauteur de ses compétences et de ses juridictions. Stéphane Dion et Ottawa ne l’ont pas compris ainsi et ont plutôt choisi d’y occuper toute la place.

Je ne suis donc pas, à première vue, un « fan » de Stéphane Dion, même si son père, lors de mes années universitaires a été pour moi un très bon guide tant dans la recherche que dans le questionnement.

Pourtant, en écoutant attentivement son discours d’acceptation de la Présidence du Parti libéral du Canada, j’y ai vu, pour une première fois, un Stéphane Dion plus politique, plus mature dans ses approches et porteur d’un message voulant donner de lui-même l’image d’un homme ouvert tant aux compromis qu’aux idées nouvelles. En un mot, moins suffisant, plus humain que cérébral. En cela, je le crois sincère dans ses intentions, mais seules les gestes qu’il posera confirmeront ou non cette sincérité. Personnellement, je n’ai pas encore oublié le discours de P.E. Trudeau qui nous promettait, la veille du Référendum de 1981, avec toute la sincérité dont il était capable de véritables changements constitutionnels. Nous avons plutôt eu droit à la « nuit des longs couteaux » et au rapatriement unilatéral d’une Constitution à laquelle le Québec n’a pas encore adhéré après plus de 25 ans.

Ceci dit, il ne fait pas de doute que Stéphane Dion sera un adversaire politique de taille et que Stéphen Harper devra se munir de tout un arsenal, lors des prochaines élections, pour lui barrer la route au poste de Premier ministre du Canada. Entre M. Harper et M. Dion, je préfère M. Dion. Harper représente une menace pour le Canada, pour la démocratie et le prestige du Canada sur la scène internationale. Avec Harper, le Canada est devenu une marionnette de la Maison Blanche, l'armement, sa principale industrie et le peuple canadien la victime d’une manipulation orchestrée rarement atteinte. Il suffit de voir les publicités destinées au recrutement de nouveaux soldats et les émissions de Radio Canada sur la guerre en Afghanistan. On dirait des missionnaires au service des pauvres, des abandonnés, et porteurs de la bonne nouvelle de la vérité, de la liberté et de la solidarité humaine. Pour armes, ils n’ont que les fusils, les canons, les bombardiers, les prisons et les tortures dites humaines. Les centaines de morts qu’apporte, chaque semaine, cette guerre, laissant des milliers de familles dans le désarroi, sont, pour nos grands humanistes d’Ottawa, le prix à payer pour le salut de tous. UNE HORREUR

Il faut que quelqu'un, quelque part, dise "non, ce n'est pas là la direction que doit prendre le Canada". Ce quelqu’un pourrait bien être Stéphane Dion. S'il a eu la capacité de nous en faire voir de toutes les couleurs avec l'indépendance et la souveraineté du Québec, pourtant son "patelin", pourquoi ne serait-il pas capable d'afficher cette même indépendance et détermination avec ses interlocuteurs internationaux, si puissants puissent-ils être, chaque fois que des sujets majeurs seront mis en cause ? Cette seule éventualité me réconforte et passe avant mes convictions nationalistes qui seront de toute manière stimulées par la position intransigeante de Stéphane Dion sur le plan Constitutionnel. Il ne faut pas oublier que c’est sous Trudeau que le nationalisme québécois a connu ses heures de plus grande mobilisation. De quoi donner l’espoir d’un second souffle à cette conscience collective, actuellement sous respirateur artificiel, du peuple que nous formons et de la nation que nous sommes.

Dans tous les cas, Stéphane Dion est le bienvenu.


Oscar Fortin
3 décembre 2006


1 commentaire:

Anonyme a dit...

Élection de Stéphane Dion

Monsieur Fortin,

Pour moi, l'élection de Stéphane Dion à la tête du parti libéral du Canada est une très bonne chose, autant pour le Québec que pour le Canada.

Pour le Québec:

Sa haine viscérale de tout désir légitime d'autonomie élargie pour le Québec, ses actions cavalières portant sur les empiètements répétés dans les champs de compétence des provinces et ce, malgré le partage très clair des compétences dans la Constitution canadienne, père du « partitionnisme » au lendemain du Référendum de i995, toujours dans le non respect parmi les plus éhontés des pouvoirs constitutionnels du Québec, père de la « Loi sur la clarté référendaire » qui, soit dit en passant, ne regarde en rien l'état fédéral, son arrogance naturelle et sa façon non seulement de nous traiter, nous les Québécois, de porteurs d'eau, mais aussi de nous considérer effectivement comme tels, toutes ses « qualités » feront en très peu de temps de lui le meilleur allié pour que le Québec devienne enfin un Pays, grâce à un cheminement de chaque citoyenne et de chaque citoyen dans leur désir d’enfin atteindre et vivre leur majorité politique.

Pour les « Canadians » :

Il représentera l'homme qui mettra enfin « le Québec à sa place », soit à la toute petite que les Red necks voudraient bien nous voir confinés. Il continuera, de façon convaincue, du moins je le pense, à s'opposer à la politique toujours plus impérialiste et meurtrière des Américains. Il sera aussi capable de leur faire face.
Par contre, il continuera à emplir les « Canadians » avec ses soi-disant politiques pro-environnementales, coquille vide, s'il en est une: sous la férule du psychopathe Jean Chrétien ( « l'Étrangleur de l'Outaouais », du voleur d'impôts qu'à toujours été Paul Martin, tant dans son état de ministre des finances que de celui de premier ministre du Canada ( exempt d'impôt », le Canada, mis à part le « récalcitrant Québec », a connu l’un des pires sinon le pire bilan des pays industrialisés en matière d'Environnement. Pourtant, Stéphane Dion était bel et bien ministre en ce domaine... En fait, il est très facile de signer des traités. Encore faut-il savoir le respecter et savoir le faire respecter. Sinon, ce ne sont que « traités à l'indienne »: et l’on connaît la valeur des traités de cette nature!
Mais , les Anglais seront contents. Et pendant qu'ils ne se préoccuperont plus du Québec, pensant que Stéphane Dion nous aura mis au pas, à genoux, nous nous ferons silencieusement ce que certains appellent un Pays, d'autres une Nation, mais qu'importe, nous aurons fait les DEUX!

André Tremblay.
Québec, le 3 décembre 2006.