mardi 9 septembre 2008

CE 11 SEPTEMBRE 1973 LA TOUR DE LA DÉMOCRATIE S'ÉCROULE


L’écroulement des TOURS du World Trade Center, ce 11 septembre 2001, a bouleversé le monde entier. Il a été l’élément déclencheur d’une guerre à finir avec ceux que l’on soupçonne d’en être les auteurs, ces « terroristes sans âme ni conscience ». Encore aujourd’hui des milliers, sinon des millions de personnes, se demandent toujours qui sont les véritables auteurs de pareil attentat. Bien des années devront s’écouler avant que nous en connaissions tous les dessous.



Il y a, par contre, un autre 11 septembre, dans la seconde moitié du siècle dernier, qui a bouleversé les grands démocrates et humanistes du monde entier. Il s’agit de ce 11 septembre 1973 qui mit fin à la DÉMOCRATIE au CHILI et dont on ne savait trop, à l’époque, qui en étaient les principaux responsables. Aujourd’hui, après 35 ans, nous les connaissons. Le rappel de ce 11 septembre 1973 est d’autant plus pertinent que ce sont les mêmes acteurs qui continuent à être actifs dans cette Amérique latine, toujours déterminée à prendre son envol vers une société plus juste, plus équitable, plus responsable, plus démocratique.

Patricia Parga-Vega, journaliste, membre du groupe investag’Action, raconte qu’après la reconnaissance du triomphe d’Allende, par le Sénat chilien, le président de Pepsi-Cola, Donald M.Kendall, qui avait ses entrées à la Maison Blanche, demanda, le 14 septembre 1970, au Président d’accorder une audience extraordinaire à un chilien ami et collègue : Agustin Edwards, propriétaire d’un des journaux les plus influents du Chili : El Mercurio. Dès le 15 au matin, la rencontre a lieu et Agustin Edwards demande l’aide des États-Unis pour empêcher la passation du pouvoir présidentiel à Allende. La réponse ne se fait pas attendre. Ce même jour, dans l’après-midi, sont convoqués au bureau ovale : Henry Kissinger, secrétaire d’État, Richard Helms, directeur de la CIA, et John Mitchell, à titre privé. Nixon les informe « qu’un gouvernement allendiste n’est pas acceptable pour les États-Unis et ordonne à la CIA de jouer un rôle direct. Dans ses Mémoires, Helms confirme : « Le Président m’ordonna de provoquer un coup d’État militaire au Chili, un pays jusqu’alors démocratique. »


Une semaine plus tard, ce fut l’opération visant le général René Schneider, commandant en chef de l’armée chilienne et fidèle à la Constitution. Il fut mortellement blessé, le 22 octobre 1970, au cours d'une tentative d'enlèvement par un groupe d'extrême droite, et succomba à ses blessures le 25 octobre. L’échec de cette première opération visant à empêcher le transfert des pouvoirs du Président défait, Eduardo Frei, au Président élu, Salvador Allende, allait faire place à un second scénario, plus à long terme, de déstabilisation politique, économique, sociale et religieuse. Le mouvement « Patrie et Liberté » allait devenir le bras terroriste provoquant des enlèvements, faisant sauter des tours à haute tension, tuant et assassinant des personnalités trop influentes dans leur milieu. Le syndicat des « propriétaires » des camions, assurant les approvisionnements en alimentation et en biens essentiels, allaient créer la rareté et générer le mécontentement de la population. Sur les marchés internationaux on fit tout pour faire baisser le prix du cuivre, source principale des revenus de l’État. Tout cela bien couvert par une presse qui rendait le Gouvernement de l’Unité populaire, seul responsable de tous ces mots. Au sein de l’armée, certains parvinrent à créer suffisamment de mécontentement pour que le général Carlos Pratt, fidèle à la Constitution et successeur du Général Schneider, donne sa démission. Ce dernier, en 1974, sera assassiné, en Argentine, sous les ordres d’Augusto Pinochet, celui-là même qu’il avait recommandé à Allende pour le remplacer à la tête des forces armées. C’est ce dernier qui deviendra l’oreille attentive et le bras armé de Washington et de l’oligarchie locale toujours unie autour d’Agustín Edwards. Ainsi, en ce 11 septembre 1973, il convertira l’armée chilienne en une force terroriste qui s’attaquera à la TOUR de la DÉMOCRATIE, en bombardant la MONEDA, Parlement des élus du peuple, et en emprisonnant, tuant et massacrant des milliers de citoyens.

Pendant que les oligarchies et Washington célèbrent leur victoire, des milliers de morts, de disparus, de prisonniers, de torturés d’exilés, de familles décimées un peu partout dans le monde, font monter un cri de douleur qui traverse non seulement le peuple mais toutes les personnes de bonne volonté d’à travers le monde. Tout cela, comme l’affirmait le même Pinochet, « pour sauver la vie et la fortune des élites dirigeantes qui se sont senties menacées dans leurs privilèges. »

Ce 11 septembre 1973 ne doit-il pas secouer la conscience des grands démocrates que nous prétendons être ? Ne doit-il pas interroger les engagements de nos gouvernements et les solidarités exprimées par nos médias et nos élites ? De qui sommes-nous vraiment solidaires ? Est-ce de valeurs fondamentales comme la démocratie, la vérité, la liberté des peuples de disposer de leur avenir dans le respect de celui des autres ? Ou est-ce encore de nos propres intérêts au détriment de ceux des autres ? Ce qui s’est passé au Chili dans les années 1970 certains intérêts veulent le répéter au Paraguay, en Équateur, en Bolivie, en Argentine et au Venezuela en 2008. De qui et de quoi le peuple canadien veut-il être solidaire et quel gouvernement saura-t-il en être le promoteur ?

Que ce 11 septembre d’hier et d’aujourd’hui soit pour tous un jour de vérité.

Oscar Fortin, théologien et politologue

11 septembre 2008

1 commentaire:

Sociétés et Décadence a dit...

Oscar,

Pour des raisons que vous connaissez, je ne viendrai commenter ce billet et les autres plus récents qu'au cours de la semaine prochaine.

Bonne fin de journée !

André Tremblay