lundi 21 novembre 2011

ET SI L’HUMANITÉ ÉTAIT ÉGLISE QUELS EN SERAIENT LES SACREMENTS?




Pourquoi pas? Une question que les chrétiens devraient se poser à la lumière du message qui les porte ainsi que les non-croyants à la lumière du sens qu’ils donnent à cette Humanité. Pour les croyants, l’Humanité n’est-elle pas celle en qui le visage de Dieu se révèle et s’exprime progressivement depuis des millénaires? Véritable visage d’une Humanité nouvelle qui se laisse découvrir à l’aurore d’un jour nouveau, toujours plus libérée des ombres de la nuit et de la brume du matin. Teilhard de Chardin, paléontologue du siècle dernier, avait cette vision d’une Humanité en évolution, émergeant de l’opacité de la matière et qui devient toujours plus énergie et vie.

Croyants ou pas, nous sommes de cette humanité et nous participons tous et toutes à son évolution. L’étape qui nous correspond de vivre est sans nul doute une étape charnière. Nous en sommes arrivés à ce que Teilhard appelle l’émergence de la conscience des consciences.

Quels sont les grands problèmes que vit cette humanité de plus de 7 milliards de personnes ? Force est de constater que 1 % de cette grande communauté humaine possède 52 % de toutes les richesses de la terre. Que les pauvres sont toujours plus pauvres et que les riches sont toujours plus riches. Nous constatons que les croyances se multiplient, que les sectes se manifestent avec toujours plus de fanatisme, que les idéologies deviennent de véritables religions alors que d’autres se laissent guider et interpeller par les impératifs du monde dans lequel ils vivent. Ils s’en remettent à leur conscience et à leur courage.

Nous réalisons que le hasard et le destin ne sont pas la seule explication à l’origine de tous les maux. Les analyses nous révèlent qu’il y a les ambitions de pouvoir, portées par la cupidité et la recherche des grandeurs qui en sont arrivées à créer des systèmes leur permettant de tout contrôler des hommes et des sociétés. Quel père, quelle mère, aimant l’humanité, pourraient rester les bras croisés devant autant d’ignominie et de souffrance ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les temps qui sont les nôtres et auxquels nous sommes participants ne comportent pas qu’un côté sombre aux effets pervers. Il y a cette poussée de vie, un peu comme celle qui surgit à travers les douleurs de l’enfantement.

Un regard rapide sur ce qui se passe actuellement dans le monde nous révèle un réveil des peuples qui n’acceptent plus de s’accommoder de systèmes politiques, économiques, sociaux qui ne répondent pas à ce qu’ils sont et espèrent. Il y a le printemps arabe, le M-15 en Espagne, les « indignés » en Europe et aux États-Unis, les manifestations étudiantes au Chili qui reçoivent l’appui de ceux de l’Argentine et du Mexique. Il y a la conscience des peuples émergents en Amérique latine qui proclament haut et fort qu’il y a une autre manière de faire la politique et de diriger le monde. Les problèmes de corruption sont dénoncés et les politiciens véreux montrer du doigt. Tous ces mouvements sont portés par l’espérance d’une humanité nouvelle. Une nouvelle conscience, cette fois au niveau planétaire, prend forme et se manifeste

Nous sommes cette humanité qui vit ces douleurs de l’enfantement. Les maîtres de ce monde ne s’en réjouissent pas et voudraient bien procéder à son avortement en recourant à la puissance des armes, à la menace de tortures et d’emprisonnement, en faisant taire les dénonciateurs et dénonciatrices.

Nous ne pouvons plus vivre en faisant abstraction de ces 7 milliards d’humains. Ils sont nous, nous sommes eux. Pour le chrétien c’est la catholicité dans ce qu’elle a de plus existentielle et de plus interpellant. Pour le non-croyant c’est l’humanité dans ce qu’elle a de plus respectable. Pour les uns et pour les autres, ce sont des frères, des sœurs, des compagnons, des compagnes. Le « Qu’as-tu fait de ton frère ? », demandait Dieu à Caïn, devient une interpellation qui s’adresse à la conscience de chacun et chacune de nous. Pour le non-croyant, tout imprégné de justice, de vérité, de solidarité, cette humanité à construire lui tient tout autant à cœur. Nous n’en sommes plus aux offices des temples, faits de pierres, mais aux offices d’engagements qui changent le monde.

Si les puissances de domination sont fortes, celles de la résistance et de la dénonciation le deviennent de plus en plus. Les mensonges avec lesquels ils manipulent les peuples s’évaporent à la lumière d’une vérité qui n’abdique pas. La cupidité, recouverte des vertus de charité et d’humanité, se révèle dans toute sa nudité. Le monde a changé, mais la conscience qui traverse ce monde est la synergie nouvelle qui fait passer l’humanité de la dépendance des grands et puissants à celle de la solidarité et de la liberté partagée des humbles de la terre.

Cette nouvelle humanité en marche est désormais dominée par des pôles qui en retiennent toutes les parties unies et vivantes. Ces pôles peuvent se ramener à ce qui a toujours été présent dans l’histoire de l’humanité, mais jamais de façon aussi consciente et universelle. Pour certains, ils seront les « sacrements de la vie » et pour d’autres les grands repaires éthiques, permettant d’éviter les dérapages tout en engageant pour le développement de l’humanité. En voici sept qui m’apparaissent les plus fondamentaux et universels.

La VÉRITÉ

Que de tricheries et de mensonges éclatent au grand jour. Les maîtres sorciers capables de déguiser les mensonges en vérité se retrouvent toujours plus dépourvus de leur pouvoir de tromper. Ils sont vite démasqués et renvoyés à leurs tricheries. Les guerres se font et se défendent avec des mensonges consciemment calculés et bien enveloppés. Ce temps de la tromperie a atteint ses limites tout comme l’obscurité de la nuit atteint ses limites à l’arrivée de l’aurore. Pratiquer la vérité et dénoncer les tricheries devient un signe de conformité avec l’humanité.

La JUSTICE

Au nom d’une soi-disant liberté, les maîtres de ce monde ont transformé les lois fondamentales de la justice humaine en des lois leur assurant tous les pouvoirs pour piller, exploiter, spéculer en toute justice. Ce n’est certes pas de celle-là dont il est question.  Lutter contre ces dérives est faire acte d’humanité tout autant que de chrétienté.

LA SOLIDARITÉ

Il y a la solidarité des grands et des puissants dont la solidité repose sur des liens d’intérêts, d’ambitions, de conquêtes fortement alimentés par la corruption, la tricherie et la manipulation. La solidarité humaine est toute autre. Elle repose sur des liens de gratuité, de respect, de bonté, de vérité, de justice, de partage et de compassion. C’est de celle-là qu’il faut se nourrir et ce sera en vivant celle-là que nous ferons œuvre d’humanité.

LA CATHOLICITÉ

Non pas celle d’une religion ou d’une croyance, mais celle qui interpelle toute personne de bonne volonté quant à la portée de ses engagements humains. Il y a le regard qui se limite à notre environnement immédiat, mais il y a aussi le regard qui embrasse l’humanité entière, du plus petit au plus grand, du plus riche au plus pauvre, du plus intelligent au moins intelligent, etc. La catholicité est ce qui nous oblige à dépasser nos individualités pour rejoindre, quelque part, cette humanité en gestation en chaque être humain et à laquelle nous sommes étroitement associés. La catholicité est inclusive et non exclusive.

LA VIE

Je suis toujours fortement interpellé par le fait de ces mouvements qui s’élèvent contre l’avortement en proclamant haut et fort la défense de la vie des fétus tout en étant des partisans ce ces guerres qui tuent par centaines de milliers, hommes, femmes et enfants. Être pour la vie c’est être contre toutes les guerres qui tuent et pour toutes les voies de dialogue qui permettent de résoudre les problèmes. Être pour la vie c’est également en rendre possible tout le développement et son éclosion dans le monde de la communauté humaine. On ne peut être pour la vie et se solidariser de systèmes qui engendrent la pauvreté, les famines qui, elles, tuent par centaines de millions de personnes par années.

LA LIBERTÉ

Il y a la liberté des anarchistes, des oligarchies, des individus, des groupes, qui empiètent quelque part sur la liberté des autres. La liberté dont il est question, ici, est celle qui se nourrit de la liberté de tous les autres humains. Le véritable artisan de la liberté ne saurait être pleinement libre sans que ne le soit  le dernier des humains. Nous sommes loin de la liberté que représente la médaille de la liberté avec laquelle les puissants de ce monde honorent ceux et celles qui leur facilitent cette liberté construite sur la domination des autres.

L’AMOUR

Ce mot « amour » résume et dit tout à la fois les six grandes références antérieures. Il en est l’inspiration et le couronnement.  Aimer c’est laisser entrer en soi l’humanité dans tout ce qu’elle est et dans tout ce qu’elle porte. C’est l’apprivoiser et s’y laisser apprivoiser. Comme l’écrivait St-Exupéry, « on ne connaît bien qu’avec les yeux du cœur. »

EN CONCLUSION

Nous voilà arrivés à cette HUMANITÉ, unique et véritable COMMUNAUTÉ des hommes et des femmes qui l’incorporent. Pour les chrétiens, là est la maison de Dieu, pour les non-croyants, là où est la vie dans ce qu’elle a de défi, de dignité et de raison d’être. Dans un cas comme dans l’autre nous sommes tous et toutes interpellés par les sept sacrements de l’humanité.

Oscar Fortin
Québec, le 21 novembre 2011


6 commentaires:

Anonyme a dit...

MAGNIFIQUES SACREMENTS... M. FORTIN!

Si je peux, j'ajouterais un sacrement de plus: simplement une "VIGILANTE SAGESSE" de ne pas oublier toutes ces horreurs que l'humanité à vécues et de ne plus jamais permettre que ça se reproduise.

Marius MORIN a dit...

Merci pour ce bel article Oscar. Par erreur, j'ai envoyer ce commentaire à ton article précédent sur les deux démocraties. Au sujet des sacrements de l'humanité, je profite du temps des Fêtes qui approche pour faire la réflexion suivante. En Jésus, Dieu ne s’est pas incarné pour faire de nous des « sacrés », des « privilégiés », des « religieux » ou des « sauvés » qui vont le glorifier éternellement, mais des femmes et des hommes destinés à humaniser ce monde et à devenir des filles et des fils de Dieu, artisans de paix, de justice, de tolérance et de miséricorde. À la naissance de Jésus, Dieu s’est fondu avec ce qui est humain. Par conséquent, nous trouvons Dieu dans le monde, dans ce qui est humain, profane, laïque, dans ce qui est paix et justice pour tous, dans ce qui est le bien commun de toute l’humanité.
On ne devient pas humain et encore moins chrétien, tout simplement du jour au lendemain sans y investir beaucoup de soi. Noël est l’occasion pour chaque de nous de renouer avec notre humanité et de fortifier notre foi en cet Enfant Jésus qui nous guidera, tout au long de l’année 2012, vers la lumière, la justice, la paix, la vérité, et, surtout, l'amour universel envers les plus démunis et exclus de la société. En passant un autre sacrement pourait être celui de l'égalité.Joyeux Noël!

22 novembre, 2011 14:19

enebre a dit...

Très bon article, comme toujours Mr Fortin. LA SOLIDARITÉ

Je me permet d'afficher ce titre pour entamer une explication complémentaire au sujet de la solidarité. Je pense, qu'il y a actuellement une grave erreur d'interprétation populaire, spécifiquement concernant les immigrés, les réfugiés, les ILLÉGAUX. Justement pour ces derniers, sans pour autant omettre les autres. Parlons SOLIDARITÉ, nous clamons haut et fort notre revendication à la solidarité pour tous. Mais en fait c'est quoi la solidarité, c'est un état de conscience qui lie les membres, d'une même famille, d'un groupe, d'une appartenance, et qui se matérialise par de l'aide.
Mais alors nous nous trompons en valorisant tous les non solidaires, ceux qui ne respecte pas la solidarité au sein de leur propre famille.
Tous ces gens qui laisse leur famille, enfants, parents, semblables, derrière eux en les condamnant à tout ce qu'ils ont fuit, et pour la plupart ne font rien pour que ça change, resteraient ils chez eux pour remonter l'économie de leur pays, pour se battre pour des valeurs qu'ils vont sans vergogne réclamer ailleurs, c'est dans ce cas ils seraient solidaire et mériteraient notre respect et notre aide, mais là nous avons affaire à une bande de profiteur et de lâche.Je suis conscient que certains pourraient se révolter à ces propos, mais lisez la suite avant de jeter la pierre.
Aide toi et le ciel t'aidera, nous disaient les évangiles.
Alors devons continuer à ruiner notre pays de sa solidarité sociale pour aider des gens qui n'ont pas le moindre respect pour leur semblables. Serait il pas plus judicieux de condamner ces couards plutôt que de leur offrir gîte et couvert.
Et en contre partie mieux organiser l'aide des pays en situation difficile, et puisque la politique dit qu'il faut aider et que nous voulons être solidaire envers nos semblables humain sans faire du favoritisme envers ceux qui ont fuit leurs responsabilités. Alors aidons autant que nos richissimes milliardaires puissent faire oeuvre de solidarité humaine, comme ils sont capable d'investir pour satisfaire leur mégalomanie à vouloir conquérir les étoiles, en débloquant de forts investissements de recherche technologique et investissements de hauts niveaux pour pallier aux problèmes spécifiques, égal à ce qui à été fait pour la recherche spatiale, qui ne l'oublions pas à grandement participé aux découvertes extraordinaires qui font notre bonheur au quotidien (et leur fortune), il peut en être de même pour les retombées de cette nouvelle quête, rendre les déserts habitables, d'ailleurs ce serait un bon deuxième pas pour rester sur la ligne de la recherche spatiale, car 'il faudra bien trouver à se loger sur la lune ou la planète mars, apprendre à créer des environnement artificiels à grande échelle sera certainement bénéficiaire pour la conquête des étoiles.
Faire des déserts des zones de vie, c'est comme la création d'un nouveau continent pour l'humanité. Un eldorado pour tous et toutes les mains bonnes à travailler, par solidarité les arabes accepteront la main-d'oeuvre étrangère et l'immigration, ben... Juste retour !
Ben moi ! j'ai déjà une proposition, faire d'immenses dômes intégrant un système de condensation de nuit par l'effet pelletier issus du changement de température jour/nuit et soit en recueillir la rosée soit en pluie, selon les besoins spécifique. Les zones habitable pourraient être souterraines pour bénéficier de l'inertie thermique l'éclairage serait véhiculé par fibre optique depuis la surface du dôme. Je suis bien certain que la science et l'inginiering trouvera les bonnes solutions. Permettant à l'humanité de créer son Eldorado, couleur sable. Voila ce que l'occident pourrait offrir aux peuples arabes et les rendre entièrement actif dans la solution à leur problème. L'immigration pour les raisons actuelles n'a pas de sens et complique la situation plus qu'elle en apporte des solutions.

Oscar Fortin a dit...

D'abord pour anonyme je dirai simplement que la liste peut s'amplifier, mais j'ai surtout voulu mettre en relief des références qui commandent des gestes concrets, qui conduisent à produire des oeuvres. Pour ma part j'ai rattaché au sacrement de l'amour, par exemple, la compassion, la miséricorde, l'empathie si nécessaire dans les relations humaines. Chacun peut construire autour de ces sacrements ses liturgies et ses cultes.

Pour Marius, je ne puis qu'appuyer fortement cette vérité de l'incarnation de Dieu au milieu des humains, non pas pour y disparaitre, mais pour y rester. "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous?" Paul 3.16. Dans un autre passage il est dit que Jésus est la semence de l'homme nouveau, de l'humanité nouvelle." il est donc bien là au milieu de nous. Noël que nous avons tellement commercialisé est également le rappel de cette vérité fondamentale de "Dieu avec Nous."

Oscar Fortin a dit...

Pour enebre mon commentaire portera surtout sur une juste appréciation du monde dans lequel nous vivons. Je sais que certains groupes n'ont pas beaucoup l'estime de ceux et celles qui bossent dur au travail, mais aussi de ceux et celles qui se baladent avec le jet set, se payant de grands luxes avec les évasions fiscales légales dans les paradis fiscaux ou des revenus faramineux leur venant de la spéculation financière etc.

Je veux tout simplement dire que la solidarité, celle à laquelle je me réfère, prend en compte les situations des personnes dans ce qu'elles sont et dans ce qu'elles vivent. Elle n'est pas une bouée lancée à tout venant, mais à ceux et celles que la bouée peut ramener à terre. J'ai travaillé 6 ans dans un ministère qui gérait l'assistance sociale et les divers programmes pour leur permettre aux assistés sociaux de réintégrer le marché du travail. Je vous dirai que la grande majorité de ces personnes faisaient la file pour avoir de ces emplois subventionnés devant les conduire à un emploi permanent. Mais voilà que plusieurs promoteurs de ces entreprises subventionnée par l'emploi d'assistés sociaux, avaient trouver la manière de se défaire de ceux et celles qui arrivaient au terme de leur six mois et de les remplacer par des nouveaux qui seraient encore subventionnées.

Vous conviendrai que cette manière d'opérer était frustrante pour ces femmes, ces jeunes et ces hommes qui avaient la fierté de pouvoir travailler pour enfin sortir du BS.

Je pense qu'il est très facile de tomber sur les plus faibles et de s'abstenir sur ceux qui profitent à plein du système sans prendre en compte la réalité du monde dans lequel ils vivent.

La plus productive et la plus généreuse de toutes les classes sociales est cette classe moyenne qui remplit les coffres de l'État, qui soutient ses plus démunis et qui se fait passer des "savons" par des projets gouvernementaux qui distribuent à de grandes entreprises et à des multinationales des subventions et des privilèges fiscaux qui font qu'ils sont morts de rire.

Je pense que notre regard doit porter plus haut.

Je vous conseille de lire un peu celui que nous appelons au Québec, le prof Lauzon, professeur à l'UQUAM.

Disons que j'apporte un complément à votre commentaire qui mérite toute notre attention.

Oscar Fortin a dit...

BONJOUR À VOUS TOUS ET TOUTES: L'ESPRIT NOUS ENVELOPPE DE SA PAROLE ET NOUS INSPIRE DANS NOTRE QUOTIDIEN.