mardi 23 juillet 2013

L’AMÉRIQUE LATINE À LA CROISÉE DES CHEMINS (Venezuela)


LE VENEZUELA




Lorsqu’Hugo Chavez a fait cet aller-retour Havane-Caracas-Havane, en décembre 2012, il savait que ses jours étaient comptés et que le temps était venu, pour lui, d’assurer sa succession. Il venait de remporter une éclatante victoire, le 7 octobre 2012, pour un nouveau mandat de 6 ans au service de son peuple à travers le socialisme du XXIe s.

Tout au long de la campagne électorale, il fut question de ce socialisme à construire au jour le jour. Le programme électoral, diffusé à l’échelle nationale, en développa les grandes orientations et en précisa les fondements. Dans son introduction, on peut y lire ce qui suit :

« le socialisme bolivarien du XXI° siècle comprend cinq grands objectifs historiques, à savoir :

I – Défendre, étendre et consolider le bien le plus précieux que nous ayons reconquis depuis 200 ans, l'Indépendance nationale.

II – continuer à construire le socialisme bolivarien du XXI° siècle au Venezuela comme alternative au système destructeur et sauvage du capitalisme et ainsi, assurer la « plus grande sécurité sociale possible, la plus grande stabilité politique et le plus grand bonheur » pour notre peuple.

III – Transformer le Venezuela en une puissance du point de vue social, économique et politique, à l'intérieur de la Grande Puissance naissante de l'Amérique latine et des Caraïbes qui garantisse la création d'une zone de paix dans Notre Amérique.

 IV – Contribuer au développement d'une nouvelle Géopolitique internationale dans laquelle prenne corps un monde multipolaire à plusieurs centres qui permettent d'atteindre l'équilibre de l'Univers et de garantir la Paix planétaire.

V – Préserver la vie sur la planète et sauver l'espèce humaine… 

Le peuple vénézuélien appuya cette orientation  en votant à 55,26% pour le candidat Chavez. Le taux de participation fut supérieur à 80 %. Sa mort créa un vide immense et donna lieu à une manifestation populaire, jamais vu dans l’histoire de l’Amérique latine et sans doute du monde entier. Des millions de personnes défilèrent, jours et nuits, pendant plus de trois jours devant son cercueil, exprimant leur amour pour cet homme qui avait tout donné pour son peuple.

NICOLAS MADURO LE DAUPHIN ET SUCCESSEUR DE CHAVEZ

Il est présenté comme faisant partie de l'aile modérée du PSUV. Hugo Chávez le décrit comme « un révolutionnaire à part entière avec sa main ferme, avec sa vision, avec son cœur d’homme du peuple, avec son talent avec les gens, avec la reconnaissance internationale qu’il s’est acquise, c’est l’un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacités » ainsi qu'« un homme plein d’expérience malgré sa jeunesse ».







Ce choix de Chavez ne repose pas sur un coup de cœur spontané, mais sur une connaissance de longue date de l’homme, du militant et du combattant. Ce syndicaliste, chauffeur d’autobus, est à l’œuvre révolutionnaire depuis son plus jeune âge. Déjà, dans les années 1970, il militait comme leader étudiant. Il avait à peine trente ans lorsqu’il syndique les travailleurs du Métro de Caracas. En 1992, Il était de la rébellion, menée par Chavez pour renverser le gouvernement fasciste. En 1996, il se joint de nouveau à Chavez pour la formation d’un nouveau parti politique, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et pour la préparation des élections de 1998.

Il participa en 1999 à la rédaction de la nouvelle constitution, fut député, présida, en 2005, l’ l’Assemblée nationale avant de devenir, à partir de 2006, ministre des Relations internationales. Chavez le nomma, en décembre 2012, Vice-président.

Tout au long de ces années, comme ministre des Relations internationales, il a passé des jours et des semaines en compagnie de Chavez, que ce soit dans l’avion présidentiel ou dans les chambres d’hôtel, lors des missions à l’étranger. Ils ont construit ensemble les bases de ces relations internationales que le Venezuela a développées tout au long des sept dernières années.

NICOLAS MADURO AUX COMMANDES DE LA RÉVOLUTION BOLIVARIENNE

 Depuis son élection comme président du Venezuela, Nicolas Maduro se révèle de plus en plus comme un pragmatique, profondément déterminé à réaliser les grandes missions, élaborées par Hugo Chavez. Il s’est également engagé à vaincre la corruption, à mettre un terme à la criminalité et à soumettre aux lois constitutionnelles les forces terroristes et fascistes dont l’objectif est le renversement du gouvernement. Dans ce dernier cas, plusieurs sont mis au banc des accusés, soit pour corruption, soit pour mal versassions de biens publics ou de crimes commis contre des personnes ou des institutions oeuvrant au service du bien commun.

Dès son arrivée au pouvoir, il a mis en marche le gouvernement de rue, sillonnant, semaine après semaine, les rues des 23 États. Un moment unique pour prendre contact avec les populations locales, les organisations sociales et, ainsi, sensibiliser ses ministres et le gouvernement aux problèmes rencontrés par ces populations. Des rencontres qui ont conduit à prendre des décisions conjointes sur des projets concrets.

Des projets de plus d’un milliard de dollars ont été retenus et, pour lesquels, les argents ont été retenus. Pour avoir un regard rétrospectif sur toute cette période, je vous invite à lire cet excellent article.

À ce programme de gouvernement de rue, le président Maduro a lancé le programme « pays sécuritaire » dont l’objectif est de s’attaquer à la criminalité. Ce programme met à contribution les forces de l’armée, celles de la police et des brigades de citoyens formés à cette fin. À ce jour, dans certaines régions les homicides ont diminué de plus de 56%. Il s’agit d’une opération de ratissage systématique de toutes les zones plus sensibles à la criminalité, à la violence, à la corruption.

À ces nombreuses initiatives à l’interne s’ajoutent toutes celles à l’internationale. Dans ce milieu, Nicolas Maduro n’est pas un inconnu. Il a été un acteur important à la consolidation des principaux organismes d’intégration des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. Il le fut de façon particulière pour la création de l’ALBA, véritable alternative au traité de libre-échange nord-américain et de CELAC, premier regroupement de tous les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, sans la présence des États-Unis et du Canada, son petit caniche.

En ce début de juillet, le Venezuela vient de prendre la présidence protemporelle de MERCOSUR, organisme d’intégration économique du Brésil, le l’Argentine, d’Uruguay , du Venezuela et du Paraguay, actuellement exclu depuis le coup d’État qui a destitué le président légitime, Fernando Lugo. 

L’Équateur et la Bolivie participent à ces rencontres comme invités et, dans les deux cas, ils ont manifesté leur intérêt d’intégrer le MERCOSUR comme membres à part entière.

Cette présence du Venezuela dans ces organismes régionaux s’étend également à UNASUR. On se souviendra de la mobilisation des membres de cet organisme pour défendre la victoire électorale de Nicolas Maduro comme nouveau Président du Venezuela. Il en fut de même tout récemment avec le comportement inadmissible des quatre pays européens (France, Portugal, Italie et Espagne) qui mirent la vie du Président bolivien en danger, lui refusant d’atterrir sur leur territoire pour du ravitaillement en essence.

Ces organismes régionaux sont devenus l’épine dans le pied de l’Empire et des oligarchies fascistes qui ne déragent pas d’avoir perdu leur pouvoir de domination et les richesses dans un certain nombre de ces pays dont l’influence voit croissante.

À cette présence régionale, il faut ajouter cette visite toute récente du président Maduro au pape François ainsi que celles réalisées en Europe, particulièrement l’Italie, la France et la Russie.

L’OPPOSITION À NICOLAS MADURO

De toute évidence, Nicolas Maduro est l’homme à abattre. Ce fut le cas avant la mort de Chavez, ce fut le cas pendant sa vice-présidence et c’est toujours le cas depuis qu’il est président.

Les campagnes de désinformation opèrent sur tous les fronts, les initiatives de subversions et de divisions se multiplient.

Ce qui s’est passé, récemment, avec la Colombie (réception par le président Santos du candidat perdant de l’élection présidentielle, Capriles,) n’est pas étranger à ces efforts pour briser l’unité latino-américaine et de créer un conflit avec le Venezuela. Le problème n’est pas dans le fait de recevoir Capriles, le candidat perdant, mais de recevoir un candidat perdant qui refuse de reconnaître les résultats officiels de l’élection et qui a généré, suite à cette élection, des mouvements de protestations qui ont fait plus de 11 morts ainsi que plusieurs blessés, sans compter les dommages matériels à plusieurs édifices de services communautaires.

Ce geste du président Santos venait saper à sa base les liens de confiance qui rendaient possible une coopération entre les deux pays. Le président Maduro a clairement fait comprendre à son collègue colombien qu’il ne saurait poursuivre une telle coopération sans qu’il y ait une clarification de cette initiative présidentielle colombienne.

Ce sera grâce aux bons offices de Lula, puis de Correa et d’autres membres de la communauté latino-américaine, que les deux pays en arriveront à renouer leurs relations. Ce fut, suite à une rencontre entre les deux présidents, le 22 juillet dernier, que les bases pour de nouvelles relations ont été établies et acceptées. Surtout pour les photos de cette rencontre voir ici.

Une victoire contre les forces de division régionale et locale.

CONCLUSION

Il est de plus en plus évident pour l’opposition impériale et oligarchique que leur retour au pouvoir au Venezuela ne pourra se réaliser par la voie démocratique.

D’abord, le système électoral, l’un des plus perfectionné au monde, ne leur laisse aucune marge de manœuvre pour corrompre ou tricher l’électorat. En second lieu, la grande majorité de la population, plus consciente et plus impliquée dans la vie politique, se joint à cette révolution bolivarienne dont Chavez demeure toujours l’inspiration et le grand leader. Chavez, plus que jamais est présent dans l’esprit et le cœur des Vénézuéliens et des Vénézuéliennes. Nicolas Maduro est celui qui lui donne consistance et réalité.

Également, il faut noter que Nicolas Maduro ne manifeste aucune crainte devant les menaces d’invasion, d’homicide ou de tout autre nature. Devant le cas du jeune Knowden, il n’a pas plié les genoux devant les pressions de Washington. Devant les dernières déclarations de la représentante des États-Unis aux Nations Unies, parlant du Venezuela comme d’une terre où règnent les persécutions politiques, il a aussitôt mis fin aux négociations pour le rétablissement des relations entre les deux pays, décidés deux mois plus tôt avec le nouveau secrétaire d’État des États-Unis, John Kerry. Il a d’ailleurs exigé que Washington s’explique.

Il a demandé comment un pays comme les Etats-Unis qui a une prison à Guantanamo, la prison de la honte, qui poursuit comme un criminel un jeune étasunien qui a eu le courage de dénoncer la grande tricherie allant tout autant contre la constitution des Etats-Unis que du droit international et des droits de la personne, peut se présenter comme une référence crédible pour juger les autres?

Il a dit à qui voulait l’entendre, que dans ce type d’interventions dans les affaires intérieures du pays, c’était tolérance zéro.

Je crois que le peuple vénézuélien va sortir vainqueur de ce bras de fer avec l’oligarchie fasciste et l’empire. Maduro n’en est pas à son premier combat et il a pour lui la Constitution, la loi à faire respecter et surtout, la détermination à poursuivre l’oeuvre de Chavez. Sa visite à Rome a permis de refroidir quelque peu les solidarités de l’épiscopat avec les forces de l’opposition.

Il faut toujours se rappeler qu’aucun coup d’État en Amérique latine ne saurait être possible sans la complicité de l’Église catholique. Cette dernière, avec l’arrivée du pape François, devient de plus en plus difficile. Tout n’est pas gagné, mais l’horizon d’un jour nouveau s’impose de plus en plus.

Une histoire à suivre

Oscar Fortin
Québec, le 23 juillet 2013











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